Sortie 8 novembre : J’ACCUSE Abel Gance, ciné-concert à la salle Pleyel

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Sortie 8 novembre : J’ACCUSE  Abel Gance, ciné-concert à la salle Pleyel

PRESENTATION

Ciné-concert « J’accuse »         Orchestre Philharmonique de Radio France – Frank Strobel

                                                                           samedi 08/11 2014 20:00

Programme

J'accuse

  • J’accuse, Film d’Abel Gance (France, 1919, 166 minutes)
  • Musique de Philippe Schoeller (commande ZDF-Arte et Lobster Films, création mondiale)
  • Première Partie
  • Entracte
  • Deuxième Partie

Au lendemain de l’armistice, Abel Gance (1889-1981) signe en 1919 son premier chef-d’oeuvre, révélant la souffrance des hommes face aux horreurs de la guerre. Après avoir brièvement servi au front, il y retourne dès août 1918 pour filmer les scènes de batailles. Le film connaît un succès international grâce à la force avec laquelle il donne à voir la souffrance, certaines scènes ayant été tournées avec de vrais soldats qui avaient combattu à Verdun.

Dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, la version restaurée de J’accuse d’Abel Gance (1919) sera présentée en avant-première mondiale à la Salle Pleyel à Paris le samedi 8 novembre 2014. Ce chef-d’œuvre du film muet, sera proposé en ciné-concert. Il sera mis en valeur par une création musicale inédite de Philippe Schoeller et interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, sous la direction de Frank Strobel.

Coproduction Lobster Films, Arte, Radio France et Ircam. Avec le soutien de la Sacem. Avec le soutien de la Mission du centenaire de la Première Guerre Mondiale.

SCHÜLER BERICHTEN :

« J’accuse » ist ein Film, der die Schrecken des Krieges denunziert. Die Geschichte spielt in einem Dorf in der Provence. Es gibt drei Haupfiguren : Edith, die mit einem brutalen und eifersüchtigen Mann verheiratet ist : François. Der Vater (Mario Lazare) von Edith ist ein revanchistischer  Nationalist und er zwingt seine Tochter mit diesem Mann zu bleiben: diese Frau ist traurig und sie lebt ein Martyrium, weil sie nicht François liebt, sondern Jean Diaz. Jean Diaz, der ein Dichter ist, lebt mit seiner Mutter : er ist verträumt und optimistisch. Edith und Jean Diaz sind verliebt, aber François kann das nicht annehmen : er will Jean Diaz töten. Dann bricht der erste Weltkrieg aus, und die zwei Männer nehmen an dem Krieg teil: im Lauf der Zeit werden sie Freunde. Während des Krieges haben deutsche Soldaten Edith vergewaltigt und sie hat eine Tochter bekommen: Angèle. Aber Edith versteckt ihre Tochter vor ihrem Mann, weil sie seine Reaktion befürchtet. Sie vertraut Angèle Jean Diaz an, als er aus dem Krieg zurückkehrt.

Jean Diaz ist die Figur, die alle Schrecken des Krieges denunziert: der Begriff « J’accuse » erscheint mehrmals, wenn ein grauenhaftes Ding sich ereignet : zum Beispiel der Tod der Mutter von Jean , die Vergewaltigung von Edith, die Gewalt des Krieges… Dieser Film ist sehr pazifist und Jean Diaz vertritt diesen Pazifismus. Am Ende des Filmes ist Jean Diaz verrückt geworden :er hat makabre Visionen, Halluzinationen. Er versammelt alle Menschen in seinem Haus, die jemanden verloren haben. Jean Diaz klagt die schlechten Verhalten der Zivilisten während des Krieges an : die untreuen Frauen oder die Kriegsgewinner, die die Bedeutung des Krieges vergessen haben. Jean spricht im Namen der Toten. Die Toten des Krieges sind auferstanden, um zu wissen, ob sie nicht umsonst gestorben sind : es gab unter anderem François und den Vater von Edith. Schließlich stirbt Jean Diaz vor dem Sonnenlicht und er denunziert noch einmal ein Ding : seine Untätigkeit gegenüber dem Kriege. Es bedeutet, dass es ein schrecklicher Krieg für alle war und niemand hat etwas gegen diesen Krieg getan, wo viele unschuldige Menschen sich gegenseitig umbringen sollten und gestorben sind.


ARTICLE SUR LE FILM ET LA MUSIQUE :

J’accuse, de Gance à Schoeller

L’infanterie britannique en 1915 lors de la bataille de Loos – Creative commons dr

Au sortir de la Première guerre mondiale, Abel Gance signe un film exalté et vengeur, J’accuse, plaidoyer contre la violence et la guerre. Ce film sera projeté le 8 novembre, Salle Pleyel, accompagné d’une partition de Philippe Schoeller qui connaîtra à cette occasion sa création mondiale. Et dont nous parle ici le compositeur.

Il y eut la guerre, l’armistice peut-être, mais pour beaucoup il n’y eut jamais plus de paix. Pour ceux qui n’étaient pas tombé au champ de bataille, il fallait encore accepter d’avoir survécu, et désormais survivre en supportant des plaies trop béantes pour être pansées. Nombreux furent ceux qui, après avoir triomphé de l’horreur, ne profitèrent pas de leur victoire. Ironie du sort, Apollinaire s’écroula un 9 novembre, victime de la grippe espagnole, et n’entendit pas même la bonne nouvelle. Quant à Blaise Cendrars, il dut promener sa carcasse amputée par les rafales de mitrailleuses au cours d’un triste assaut en Champagne, et raconter la folie de l’homme forcé de « suivre, situer, identifier, localiser la survie d’une main coupée ». La paix signée, la guerre n’en était pas pour autant achevée pour les grands blessés. Dans J’accuse d’Abel Gance, on découvre Blaise Cendrars cadavérique sous son béret noir, prêt à se relever et revenir avec les autres soldats. A la fois figurant et ancien combattant, rappelant qu’il n’est pas de frontière dans un tel film entre la fiction et la réalité.

Une danse macabre

Il est une curieuse confusion entre le réel et l’illusion dans J’accuse, quand le récit de Jean transforme le retour des soldats en réveil des morts. « Ce qui m’a fasciné, explique Philippe Schoeller, c’est non seulement la superposition de deux histoires – l’amour entre deux êtres et la guerre entre les peuples –, mais aussi la façon dont le personnage de Jean parvient à convaincre le village de la véracité de ses visions. La guerre est une terreur absolue qu’Abel Gance  transcende sans cesse, en ouvrant les limites de la fresque, entre le naturalisme des scènes de tranchées, et la dimension hypnotique, onirique, quasi « chamanique » de ce qui devient une danse macabre ».

Après Jean, Abel Gance a su, grâce à des moyens techniques très simples et une invention splendide, rendre réelles – plus que vraisemblables – ces apparitions issues de l’histoire et de l’imagination ébranlée d’un poilu. Et comme Abel Gance, Philippe Schoeller a veillé, un siècle plus tard, à préserver leur puissante vérité : « Tragédie cinématographique des temps modernes, J’accuse est un ouvrage sans son. Et cependant, nulle forme muette de la perception ici. L’œil parle. La vision entend. Et cela grâce au génie d’Abel Gance, dans son art du mouvement et ses savantes harmonies, depuis la direction d’acteur jusqu’au montage final. Abel Gance a offert au cinématographe toutes sortes de procédés d’incrustations, de processus de prémonitions et de réminiscences qui convainquent le spectateur presque à son insu.  Inventeur du grand format puis du split-screen (dans son Napoléon), il savait jouer avec le temps comme processus mental, sensible, émotionnel, dramatique ou théâtral. Il savait composer la durée, l’instant, la lancée organique qui s’opérait dans la formation du flux d’émotions, d’archétypes, de symboles propres au tout jeune art cinématographique. »

Le son dans l’image

Comment mettre en musique le muet quand le réalisateur fait entrer le son dans ses images ? Est-il seulement possible d’ajouter quelque chose au visuel quand, à l’annonce de la guerre, les yeux entendent déjà la foule entonner La Marseillaise ? Quand ils perçoivent l’assourdissante explosion des obus s’écrasant dans un nuage de poussière ? La musique n’a nul vide à emplir, et doit occuper un autre espace :

« L’émotion doit faire synthèse. Pareilles au livre disparaissant dans le roman de Flaubert, au matériau s’effaçant dans les masses sculptées de Rodin, image et musique tendent à se dissoudre dans cette émotion. Ma partition  de J’accuse aspire à tisser ces émotions œil-oreille, telle une  somme qui dépasse la somme de ses parties. Comme un alliage qui ferait office de révélateur (ce procédé propre à la photographie), une alliance de l’œil et de l’oreille qui scellerait des affinités, des gouffres et des ciels, ceux de l’ombre et la lumière. Comme une alchimie du regard et  de l’écoute qui exprimerait  toute la substance, toute la force géniale et prophétique de l’œuvre d’Abel Gance. L’œil ouvrirait l’oreille qui, à son tour, ouvrirait le regard. La musique est un champ magnétique traversé par l’image. »
(…)
L’orchestre, l’électronique et le chœur virtuel

Dans le cas de J’accuse, l’orchestre symphonique est rejoint par l’électronique et un chœur virtuel dont l’absence visuelle sert l’union de la musique et de l’image. D’où le concept d’écriture synesthésique, explicité par le compositeur dans un entretien avec Laure Rebois :

« Les mots d’un scénario sont et seront des images. Leur sens s’incarnera dans l’image en mouvement. Donc un matériau sensible, une expérience sensorielle plus qu’un sens. Dès lors, cette image-durée pourra être anticipée, accompagnée ou mise en écho, en résonance, par une image-son-musique. Tout l’art du cinéma réside dans cette alchimie. »*

La musique d’un film muet a une fonction particulière : celle de faire passer le temps. De même que nos vies sont rythmées par les bruits quotidiens et la parole, le film réclame le son pour ne pas être exclu de l’écoulement du temps, « surtout aujourd’hui où le spectateur n’est plus habitué à cette lenteur cinématographique. » En travaillant sur Dura Lex de Lev Koulechov – « autre explorateur génial des formes hallucinées et des associations libres » – à l’occasion de sa projection à l’Auditorium du Louvre, Philippe Schoeller s’est rendu compte que le cinéma muet était plus que jamais proche de la musique, car ses contraintes avaient forcé ses réalisateurs à concevoir « une réelle musique des yeux ». Chaque image trouvant sa place sur la pellicule comme les notes sur les portées d’une partition, le rythme y était essentiel.

Dire sans répéter

La musique n’avait pas besoin de coller à ce qui était montré, mais devait au contraire résister à la tentation d’un figuralisme trop évident ou du leitmotiv wagnérien si souvent galvaudé :

« La musique n’a pas besoin de dire ce qui est déjà dit. Elle aspire à révéler l’indicible. Il lui faut garder une distance, se contenter d’enrober le film en se choisissant quelques couleurs, climats ou nappes expressives qui alors structurent le discours en fonction de champs sémantiques récurrents. Dans J’accuse, elle s’appuie tantôt sur l’infinie douceur de l’amour, tantôt sur la violence de la guerre ou sur la quête de la paix, conférant à chaque thème des rythmes, des dynamiques ou des textures instrumentales spécifiques, des tensions harmoniques ou des conduites énergétiques variées en fonction de l’instant. D’où une forme qui ne repose plus sur le retour de motifs musicaux, mais sur des principes de répétition plus subtils, jusqu’à la réitération finale d’un même objet, plus de cent fois mais constamment renouvelée par l’orchestre. »

La musique n’a cessé de faire œuvre de paix, célébrant la trêve de Ratisbonne, les accords d’Utrecht, la paix de Rastatt ou le traité d’Aix-la-Chapelle avec divers triomphes, idylles, cantates ou ballets de Pierre Gautier, Lully, Clérambault, Torri et autres Rameau… Plus tard, la Cinquième symphonie de Villa-Lobos, une Ode d’Alfred Bruneau ou un Hymne de Camille Saint-Saëns donné en grandes pompes au Trocadéro ont témoigné des espoirs engendrés par les débuts, en 1920, de la Société des Nations. Et plus récemment encore, la paix a été chantée par tel chœur de Milhaud ou de Schoenberg, tel Requiem de Tomasi ou de Britten. Vainement peut-être, puisqu’en 2014, la paix s’avère toujours aussi fragile et relative. D’ailleurs, presque vingt ans après la sortie de son film, Abel Gance a tourné une seconde version de J’accuse, non sans réintroduire quelques séquences de la première version.

Propos recueillis par François-Gildas Tual

* Le Magazine des livres, 2011.

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