Solo Sunny, film de la DEFA, l’unique compagnie cinématographique de la RDA est la dernière œuvre du cinéaste Konrad Wolf.
Konrad Wolf, dont l’œuvre cinématographique est certainement parmi les plus intéressantes des cinéastes allemands, rassemble en sa personne non seulement les contradictions de la RDA mais aussi celle de l’Allemagne. Fils du célèbre écrivain Friedrich Wolf, il passa l’époque nazie en URSS avec sa famille et prendra même la nationalité soviétique. Wolf rentra dans son pays natal en tant que soldat de l’armée rouge. Communiste convaincu et même membre du Comité central du parti, Konrad Wolf n’a pas été un dogmatique. Bien au contraire, il était une instance morale respectée. D’ailleurs, l’école de cinéma de Potsdam Babelsberg porte aujourd’hui encore son nom. Artiste novateur et sensible, il défendait l’art et l’individu contre l’instrumentalisation par l’idéologie et se penchait dans ses films sur les conflits entre l’individu et le collectif.
Son dernier film, Solo Sunny, qu’il réalisa à la fin des années 70, est un vibrant hommage à la recherche du bonheur. Mais le film témoigne aussi du déclin de la RDA et de la déception des artistes et intellectuels qui croyaient en un socialisme démocratique et la réforme du système possible.
Ce film brosse le portrait attachant d’une ouvrière qui, malgré les oppositions, se bat pour son indépendance et la réalisation de son désir de chanter….. Konrad Wolf déclare raconter « l’histoire d’une jeune femme qui cherche son propre moi et la concrétisation de ses aspirations ».
Rythmée par des chansons et portée par les images tantôt réalistes tantôt poétiques du documentariste Eberhard Geick, qui photographie ici son premier film de fiction, c’est une ode à la liberté de l’individu en général et de l’artiste en particulier, mais aussi une complainte sur la solitude et les incertitudes de l’existence.
(Défunte DEFA : histoire de l’autre cinéma allemand, Cyril Buffet).
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