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Nous avons organisé une exposition pour partager l’expérience et les réflexions avec les familles, les camarades, quelques professeurs, les documentalistes, l’administration du lycée.

Elle comprenait des photos du séjour et des récits d’expérience, des informations sur le thème, des jeux autour de l’égalité hommes-femmes, et nos articles pour le journal du lycée.

Nos correspondants de Rothenburg, présents pour l’échange, ont aussi pu la découvrir. La rencontre autour de l’expo a aussi été notre soirée d’adieux, une belle soirée. Merci à tous les présents et particulièrement à tous ceux qui ont laissé une parole au livre d’or, des impressions précieuses pour nous!

Trois ARTICLES sont nés de nos discussions :

LA GALANTERIE

 

 

La galanterie est un ensemble de propos ou comportements flatteurs et serviables à l’égard des femmes. Vécue par beaucoup comme une forme de politesse et de savoir-vivre, elle est aussi considérée comme un moyen de séduction. Cependant, d’un point de vue moderne, certains interprètent ces gestes comme du sexisme « bienveillant » envers les femmes.

La galanterie consiste, par exemple, à laisser la priorité à la femme sur le seuil d’une porte, à lui céder sa place dans les transports en commun ou à l’aider à porter ses bagages. Plus généralement, il s’agit d’être prévenant et attentionné à l’égard des femmes et de leur témoigner du respect et de la considération.

Ses origines sont très anciennes : en effet dès le Moyen-Age on observe l’apparition des jolies manières des chevaliers envers les dames et de l’attention qu’ils leur portent. A cette époque, la galanterie caractérise le « service » du chevalier envers sa dame. C’est la courtoisie. Comment l’apprend-on ?

Un camarade de classe pense qu’elle est enseignée par le père. Que le jeune garçon apprend toutes ces règles de bienséance par identification et imitation de sa figure paternelle. Le père apprend à son garçon comment se comporter envers les femmes.

Cependant, je pense que ces bonnes manières sont enseignées par la mère. La mère montre à son fils comment faire preuve d’empathie envers les femmes, se mettre à leur place. Je pense ainsi que la galanterie peut être qualifiée de valeur, et non d’une bonne éducation seulement superficielle permettant de briller en société.

Certains gestes relèvent de l’automatisme, de l’habitude, d’autres sont plein de sens et signent une sorte de respect a priori de la Femme. De ce qu’elle représente- mais quoi ? Certaines de ces manières ont pour effet de maintenir des rôles asymétriques, de service, mais aussi de dépendance, réciproque ou non…

D’un certain point de vue, les femmes ne sont pas des petits êtres fragiles qu’il faut protéger. Or c’est le message véhiculé par la galanterie.

Tandis que le sexisme hostile manifeste ouvertement une attitude négative envers les femmes, le sexisme bienveillant est plus sympathique, mais il repose tout de même sur une représentation de la femme comme inférieure, plus faible, moins autonome : sur la nécessité de sa protection par la gent masculine.

Les stéréotypes ne sont pas toujours négatifs (« les filles sont douces », « les gros sont rigolos », « les homos sont sensibles », et ainsi de suite) : ils n’en restent pas moins des stéréotypes qu’il est bon de savoir dépasser. L’idée de la galanterie est très largement ancrée en nous dès les premières années de la vie, par les contes de notre enfance par exemple, où une douce princesse en danger ne demande qu’à être sauvée par un prince.

Faut-il vraiment attendre cent ans sans froisser sa robe, ni gagner au rugby, que vienne ce bon prince ? Et…faut-il tuer tous ces dragons pour obtenir un sourire, avant de repartir en croisade, fier d’avoir tant trucidé – pour l’honneur d’une pauvre fleur qui se fane dans son vase ?

Si la courtoisie la plus pleine et la moins ambivalente équivaut, finalement, à une valeur de respect et d’attention aux besoins de l’autre, pourquoi ne changerait-elle pas pour mieux répondre, aujourd’hui, à ces besoins qui ont changé ? Qui a besoin qu’on lui tienne la porte ? Celui ou celle qui a les mains pleines. Qu’on lui cède une place assise ? Celui ou celle qui est fatigué. Qu’on le laisse passer devant ? Celui ou celle qui est pressé, ou à qui on a envie de montrer qu’il ou elle est important. Femmes et hommes sont pareillement capables d’user de leur force, de leur énergie, de leur santé, pour plaire, pour honorer ou simplement pour rendre service à un(e) autre. Que l’homme paye la note au restaurant, tant qu’une femme n’avait pas le droit de tenir son propre compte en banque, cela allait de soi. Réjouissons-nous que cela puisse aujourd’hui être, non plus une obligation, qui dédommage d’une affreuse dépendance, mais un cadeau pour qui veut, de qui veut, si on veut.

 

 

INSULTES

Des insultes et de l’inégalité entre hommes et femmes

 

Aujourd’hui les jeunes entendent ou profèrent des insultes toute la journée. Elles sortent de leur bouche ou entrent dans leurs oreilles… Depuis des générations jurer, injurier fait partie de toutes sortes de relations, rien de nouveau. Les insultes sont la plupart du temps l’expression de conflits. Leur but est d’atteindre l’honneur, la fierté de l’autre (sa dignité). « Insulte : parole ou acte destiné à blesser. »

Mais il nous semble qu’aujourd’hui la signification, le contenu des insultes change, et pas en bien. Si nous pouvions revenir quelques décennies en arrière, nous entendrions « salaud, ordure, débile». Mais aujourd’hui on dit « pute, salope, pédé, t’as pas d’couilles » .

C’est le signe d’une absence de respect pour le rôle des femmes dans la société. Qui se montre inconsciemment sous cette forme.

Pour atteindre l’honneur d’un garçon, on va l’associer avec quelque chose de féminin. Et de sexuellement féminin. Comme si la pire atteinte possible était celle de la virilité – d’une virilité définie par la sexualité. Première étape, donc : « tu n’as pas dignité d’homme (humain) » devient « tu n’es pas un mâle ». Deuxième étape « tu n’es pas un mâle » équivaut à « tu es une femelle » (ou, pour qui pratique la nuance homophobe « tu es COMME une femelle »), et comme être une femelle est synonyme d’être un vil être lubrique, nous voici rendu finalement au sens premier de toute insulte, j’ai brisé ton honneur, porté atteinte à ta dignité humaine. On arrivait autrefois au même but en insultant avec des noms d’animaux (Quel âne, fils de chien, langue de vipère..). Maintenant il suffit de féminiser.

Bien sûr, une insulte, en soi, n’a pas vocation à être gentille. Mais tout de même nous nous posons des questions sur l’actuelle hiérarchie du pire, qui place la femme et ce qui lui est associé tout en haut de l’échelle. Cela ne sent-il pas le retour à des représentations dépassées de l’homme et de la femme, et de leurs degrés respectifs de respectabilité ?

D’autant plus que ce marquage sexiste des insultes n’est pas réservé aux garçons dans la pratique, qu’il ne sert donc pas seulement à exclure un garçon du groupe des « vrais hommes », mais fonctionne aussi entre filles. Sexisme intériorisé. Jamais on entend d’insultes qui signifieraient « t’es pas une vraie femme, tu es comme un homme », et reposeraient sur des stéréotypes négatifs du style « t’as une bite » pour dire stupide ou brutal…

Pourquoi pas désexualiser un peu les insultes, introduire quelques nuances plus pertinentes, quand on injurie, si on tient vraiment à injurier ? Varier un peu la laideur, ce serait un cran moins laid. Ce rétropédalage vers une permanente humiliation de la féminité ! Nous pourrions résister, aussi, en n’étant plus du tout vexés par ce type d’insultes. Car pourquoi devrait-on se sentir si blessé qu’on nous dise homosexuel ou qu’on nous trouve des points communs avec le « sexe sans couilles » ?

Quant à ceux à qui simplement il manquerait les mots, ou qui seraient victimes d’une contamination passagère, nous souhaitons des paroles riches et de vrais amis.

DISCRIMINATION filles-garçons.

Définition :

1er sens : Action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses à partir de certains critères ou caractères distinctifs ; distinction. Ça, c’est « bien » : c’est une opération

mentale de base qui nous sert à comprendre et ordonner les gens et les choses.

2ème sens : Fait de traiter différemment (le plus souvent plus mal) quelqu’un ou un groupe par rapport au reste de la collectivité : Le sexisme est une discrimination fondée sur le sexe.  Ça, c’est pas terrible : c’est une opération sociale de base qui nous sert à exclure des gens et à les dominer sans raison valable.

Nous sommes tous ouverts d’esprit, … mais le sommes- nous assez? Chacun de nous a pris ses petites habitudes qui se résument  à un schéma :

Osons-nous quelquefois sortir de ce triangle? Partir à la recherche de l’inconnu ? 

De mon avis, pas suffisamment. La discrimination, nous nous y sommes habitués! En restant toujours dans notre  univers, on risque de confondre « normal » (acceptable) et « normal » (habituel, familier).

Exemples :

On trouve normal, et même flatteur, qu’un homme dise à une femme qu’elle est « bonne ». Bonne à quoi ? A consommer ? Bonne poire ? Un homme bon, c’est autre chose, c’est quelqu’un qui a du cœur, un type bien… La discrimination s’est incrustée dans notre quotidien.

Un garçon galant et romantique, lors d’un dîner en amoureux, tire la chaise de la fille, la remet sous ses jambes pour qu’elle s’assied. Au lieu de se sentir aimée, servie, elle est complètement interloquée : elle sait s’asseoir toute seule, non ? Est-ce qu’il veut une petite poupée en cire qui ne bouge pas, un objet de décoration ? Chacun a sa vision des choses… Ce garçon n’est pas un vilain sexiste, pas un « salaud de macho », mais il n’est pas forcément non plus très conscient de ce qui plaît ou est utile à cette fille.

Tous les jours nous entendons dire que cette fille est énervée car … « elle a ses règles » : pas besoin, si c’est ça, de l’écouter dire ce qui l’énerve. Ça lui passera. Un garçon énervé, lui, a-t-il de meilleures, de « vraies » raisons de l’être ? A la base de ce sexisme et de ces discriminations quotidiennes, des stéréotypes. Pensons-nous à tout ce que représente et provoque une remarque comme celle-ci ?

Mais, ne nous inquiétons pas : il est possible de changer ! Il faut s’ouvrir davantage au monde. Ne pas hésiter à partir découvrir de nouvelles cultures, voyager, parler à de nouvelles personnes…etc. Ne pas avoir peur de « faire le grand saut » hors de notre « triangle »! 

Et commencer par le faire ICI. Comment ?

Peut-être, organiser des sorties, voyages ou expositions sur les cultures du monde au sein même du lycée, avec nos professeurs.

Lutter contre nos automatismes : essayer de ne pas nous mettre systématiquement à côté de nos amis en cours. Nous apprendrons à connaître de nouvelles personnes et à créer de nouvelles affinités. Nous n’avons rien à perdre! 

Une autre envie : des intervenants viennent régulièrement nous parler de sexualité. Nous aimerions des interventions sur la discrimination filles-garçons. Une intervention où nous pourrions parler, pour nous rendre compte directement, et beaucoup plus facilement de ce qui ne plaît pas à autrui.

Et si, pour faire réfléchir les gens, nos amis et professeurs, nous affichions des phrases et des slogans aux endroits stratégiques du lycée ? Envoyez-nous vos propositions !

Par ailleurs, les filles sont aussi bonnes que les garçons en sport… Vous n’en êtes pas convaincus ? Alors, que pensez-vous de l’idée de faire des olympiades, interclasses mixtes ? Faire des équipes mixtes pourrait changer notre façon de voir le sport et surtout de nous amuser.

Si vous partagez notre envie de faire changer les choses, voulez nous soutenir, ou apporter des idées, n’hésitez pas à vous présenter à la classe de première section euro allemand, afin de vous battre avec nous contre les discriminations !

 

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